L’impact d’internet sur l’environnement : état des lieux et perspectives

Internet est devenu un outil indispensable pour la communication, l’information, le divertissement, le travail, l’éducation, le commerce, ou encore la participation citoyenne. Selon les données de l’Union internationale des télécommunications, plus de 4,6 milliards de personnes, soit 59 % de la population mondiale, étaient connectées à internet en 2020. Cette utilisation massive d’internet a des effets positifs sur le développement humain, mais aussi des effets négatifs sur l’environnement. En effet, internet consomme de l’énergie, produit des déchets, et émet des gaz à effet de serre, contribuant ainsi au réchauffement climatique et à l’épuisement des ressources naturelles. Quelle est l’ampleur de cet impact environnemental ? Quels sont les facteurs qui l’influencent ? Quelles sont les solutions pour le réduire ? Cet article vous propose une analyse de cette problématique, en s’appuyant sur les sources disponibles.




L’ampleur de l’impact environnemental d’internet

L’impact environnemental d’internet se mesure à travers trois indicateurs principaux : la consommation énergétique, la production de déchets, et les émissions de gaz à effet de serre.

La consommation énergétique

La consommation énergétique d’internet correspond à la quantité d’énergie nécessaire pour faire fonctionner les équipements et les infrastructures liés à internet. Elle comprend trois composantes : la fabrication, l’utilisation et le recyclage des terminaux (ordinateurs, smartphones, tablettes, etc.) ; le fonctionnement des centres de données (data centers), qui stockent et traitent les données numériques ; et le fonctionnement des réseaux de télécommunication, qui assurent la transmission des données entre les terminaux et les centres de données.

Selon une étude de l’Agence internationale de l’énergie, la consommation énergétique d’internet représentait environ 3,6 % de la consommation énergétique mondiale en 2018, soit l’équivalent de la consommation énergétique de l’IndeCette consommation énergétique a augmenté de 11 % par an en moyenne entre 2015 et 2018, en raison de la croissance du nombre d’utilisateurs, du volume de données, et de la qualité des servicesElle devrait continuer à augmenter dans les prochaines années, avec le développement de technologies comme le cloud computing, l’intelligence artificielle, la 5G, ou l’internet des objets.

La production de déchets

La production de déchets d’internet correspond à la quantité de déchets générés par les équipements et les infrastructures liés à internet. Elle comprend deux types de déchets : les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), qui sont les déchets issus des terminaux, des serveurs, des câbles, etc. ; et les déchets numériques, qui sont les données obsolètes, redondantes, ou inutiles, qui encombrent les mémoires des terminaux et des centres de données.

Selon une étude de l’Université des Nations Unies, la production de DEEE a atteint 53,6 millions de tonnes en 2019, soit une augmentation de 21 % par rapport à 2014. Cette production de DEEE est liée au renouvellement fréquent des terminaux, à la faible durée de vie des équipements, et au faible taux de collecte et de recyclage des déchets. Seulement 17,4 % des DEEE produits en 2019 ont été officiellement collectés et recyclés, ce qui représente une perte de matières premières et une source de pollution.

Selon une étude de l’Institut de l’économie circulaire, la production de déchets numériques a atteint 64,4 milliards de gigaoctets en 2019, soit une augmentation de 28 % par rapport à 2014. Cette production de déchets numériques est liée à la multiplication des contenus, des applications, des services, et des utilisateurs, qui génèrent des données inutiles ou indésirables. Ces données occupent de l’espace de stockage, consomment de l’énergie, et réduisent les performances des systèmes.

Les émissions de gaz à effet de serre

Les émissions de gaz à effet de serre d’internet correspondent à la quantité de gaz à effet de serre (principalement du dioxyde de carbone, CO2) émis par les équipements et les infrastructures liés à internet. Elles proviennent principalement de la consommation d’énergie fossile pour alimenter les terminaux, les centres de données, et les réseaux de télécommunication.

Selon une étude de l’Université de Bristol, les émissions de gaz à effet de serre d’internet représentaient environ 2 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales en 2018, soit l’équivalent des émissions de gaz à effet de serre de l’aviation civile. Ces émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 8 % par an en moyenne entre 2010 et 2018, en raison de la croissance de la demande en énergie pour faire fonctionner internet. Elles devraient continuer à augmenter dans les prochaines années, avec le développement de technologies plus gourmandes en énergie, comme la vidéo en streaming, la réalité virtuelle, ou les jeux en ligne.

Les facteurs qui influencent l’impact environnemental d’internet

L’impact environnemental d’internet dépend de plusieurs facteurs, qui peuvent être regroupés en trois catégories : les facteurs techniques, les facteurs comportementaux, et les facteurs institutionnels.

Les facteurs techniques

Les facteurs techniques sont liés aux caractéristiques des équipements et des infrastructures qui composent internet. Ils comprennent notamment :

  • La conception des terminaux, qui influe sur leur durée de vie, leur performance, leur consommation d’énergie, et leur recyclabilité. Par exemple, un terminal conçu avec des matériaux recyclés, des composants modulaires, et des logiciels optimisés, aura un impact environnemental plus faible qu’un terminal conçu avec des matériaux rares, des composants soudés, et des logiciels obsolètes.
  • La localisation des centres de données, qui influe sur leur besoin en refroidissement, leur consommation d’énergie, et leur source d’énergie. Par exemple, un centre de données situé dans un pays froid, proche d’une source d’énergie renouvelable, et utilisant l’air ou l’eau comme système de refroidissement, aura un impact environnemental plus faible qu’un centre de données situé dans un pays chaud, éloigné d’une source d’énergie renouvelable, et utilisant des climatiseurs comme système de refroidissement.
  • La technologie des réseaux de télécommunication, qui influe sur leur capacité de transmission, leur consommation d’énergie, et leur couverture géographique. Par exemple, un réseau de télécommunication utilisant la fibre optique, qui permet de transmettre des données à très haut débit avec une faible consommation d’énergie, et qui couvre une large zone géographique, aura un impact environnemental plus faible qu’un réseau de télécommunication utilisant le cuivre, qui permet de transmettre des données à faible débit avec une forte consommation d’énergie, et qui couvre une zone géographique restreinte.

Les facteurs comportementaux

Les facteurs comportementaux sont liés aux pratiques des utilisateurs d’internet. Ils comprennent notamment :

  • La durée d’utilisation des terminaux, qui influe sur leur consommation d’énergie, et leur production de déchets numériques. Par exemple, un utilisateur qui utilise son terminal pendant de longues périodes, qui consulte des contenus volumineux ou de mauvaise qualité, et qui ne supprime pas ses données inutiles, aura un impact environnemental plus élevé qu’un utilisateur qui utilise son terminal pendant de courtes périodes, qui consulte des contenus légers ou de bonne qualité, et qui nettoie régulièrement sa mémoire.
  • Le mode d’utilisation des terminaux, qui influe sur leur consommation d’énergie, et leur production de déchets numériques. Par exemple, un utilisateur qui utilise son terminal en mode wifi, qui réduit la luminosité de son écran, et qui active le mode veille, aura un impact environnemental plus faible qu’un utilisateur qui utilise son terminal en mode 4G, qui augmente la luminosité de son écran, et qui laisse son terminal allumé.

Les facteurs institutionnels

Les facteurs institutionnels sont liés aux actions des pouvoirs publics, des entreprises, des associations, et des organisations internationales, qui influencent le fonctionnement et l’utilisation d’internet. Ils comprennent notamment :

  • La réglementation, qui influe sur les normes, les obligations, et les sanctions, qui s’appliquent aux acteurs d’internet. Par exemple, une réglementation qui impose des critères de performance énergétique, de recyclabilité, ou d’éco-conception, aux fabricants de terminaux, aux opérateurs de centres de données, ou aux fournisseurs d’accès à internet, aura un impact environnemental positif sur internet.
  • L’incitation, qui influe sur les motivations, les récompenses, et les avantages, qui s’offrent aux acteurs d’internet. Par exemple, une incitation qui propose des aides financières, des labels, ou des certifications, aux acteurs qui adoptent des pratiques plus respectueuses de l’environnement, aura un impact environnemental positif sur internet.
  • L’information, qui influe sur la connaissance, la sensibilisation, et la responsabilisation, des acteurs d’internet. Par exemple, une information qui diffuse des données, des conseils, ou des témoignages, sur l’impact environnemental d’internet, et sur les moyens de le réduire, aura un impact environnemental positif sur internet.
  • La coopération, qui influe sur la coordination, la concertation, et la solidarité, entre les acteurs d’internet. Par exemple, une coopération qui favorise le partage d’expériences, de bonnes pratiques, ou de ressources, entre les acteurs d’internet, au niveau local, national, ou international, aura un impact environnemental positif sur internet.

Les solutions pour réduire l’impact environnemental d’internet

Les solutions pour réduire l’impact environnemental d’internet sont nombreuses, et impliquent la participation de tous les acteurs. Elles visent principalement à réduire la consommation d’énergie, la production de déchets, et les émissions de gaz à effet de serre, liées à internet. Elles s’appuient sur des leviers techniques, comportementaux, et institutionnels.

Les solutions techniques

Les solutions techniques sont liées à l’amélioration des équipements et des infrastructures qui composent internet. Elles comprennent notamment :

  • L’éco-conception, qui consiste à concevoir des terminaux, des serveurs, des câbles, etc., qui respectent des critères de performance énergétique, de durabilité, de réparabilité, et de recyclabilité. Par exemple, l’éco-conception permet de réduire le poids, la taille, et la complexité des équipements, d’utiliser des matériaux recyclés ou biodégradables, de faciliter le démontage et le remplacement des pièces, ou de limiter l’obsolescence programmée.
  • L’optimisation, qui consiste à améliorer le fonctionnement des terminaux, des centres de données, et des réseaux de télécommunication, pour réduire leur consommation d’énergie, et leur production de déchets. Par exemple, l’optimisation permet de réduire la fréquence et la puissance des processeurs, de limiter le nombre et la taille des fichiers, de compresser et de filtrer les données, ou de supprimer les données inutiles.
  • La transition énergétique, qui consiste à remplacer les sources d’énergie fossile par des sources d’énergie renouvelable, pour alimenter les terminaux, les centres de données, et les réseaux de télécommunication. Par exemple, la transition énergétique permet d’utiliser l’énergie solaire, éolienne, hydraulique, ou géothermique, pour produire de l’électricité, ou de recourir à la cogénération, à la trigénération, ou à la récupération de chaleur, pour optimiser l’utilisation de l’énergie.

Les solutions comportementales

Les solutions comportementales sont liées à la modification des pratiques des utilisateurs d’internet. Elles comprennent notamment :

  • La sobriété, qui consiste à réduire la fréquence et la durée d’utilisation des terminaux, pour limiter leur usure, leur consommation d’énergie, et leur production de déchets. Par exemple, la sobriété permet de limiter le nombre et la durée des connexions, de privilégier les modes de communication les moins énergivores, comme le texte plutôt que la vidéo, ou de déconnecter les terminaux lorsqu’ils ne sont pas utilisés.
  • La qualité, qui consiste à améliorer la qualité des contenus consultés ou produits sur internet, pour réduire leur volume et leur impact environnemental. Par exemple, la qualité permet de choisir des contenus pertinents, fiables, et utiles, de vérifier les sources et les informations, ou de respecter les règles de la netiquette, pour éviter les spams, les trolls, ou les fake news.
  • La responsabilité, qui consiste à prendre conscience de l’impact environnemental d’internet, et à agir en conséquence, pour le réduire. Par exemple, la responsabilité permet de s’informer et de se former sur les enjeux et les solutions liés à l’impact environnemental d’internet, de participer et de soutenir les initiatives collectives, ou de revendiquer et de défendre ses droits et ses devoirs, en tant qu’utilisateur d’internet.

Les solutions institutionnelles

Les solutions institutionnelles sont liées à l’action des pouvoirs publics, des entreprises, des associations, et des organisations internationales, qui influencent le fonctionnement et l’utilisation d’internet. Elles comprennent notamment :

  • La réglementation, qui consiste à définir et à appliquer des normes, des obligations, et des sanctions, qui s’imposent aux acteurs d’internet, pour réduire leur impact environnemental. Par exemple, la réglementation permet d’imposer des critères de performance énergétique, de recyclabilité, ou d’éco-conception, aux fabricants de terminaux, aux opérateurs de centres de données, ou aux fournisseurs d’accès à internet, ou de sanctionner les acteurs qui ne respectent pas ces critères.
  • L’incitation, qui consiste à proposer et à offrir des motivations, des récompenses, et des avantages, aux acteurs d’internet, pour les encourager à réduire leur impact environnemental. Par exemple, l’incitation permet de proposer des aides financières, des labels, ou des certifications, aux acteurs qui adoptent des pratiques plus respectueuses de l’environnement, ou de valoriser les acteurs qui se distinguent par leur engagement écologique.
  • L’information, qui consiste à diffuser et à partager des données, des conseils, ou des témoignages, sur l’impact environnemental d’internet, et sur les moyens de le réduire. Par exemple, l’information permet de sensibiliser et d’éduquer les acteurs d’internet, sur les enjeux et les solutions liés à l’impact environnemental d’internet, ou de créer et d’animer des espaces de dialogue et d’échange, entre les acteurs d’internet.
  • La coopération, qui consiste à coordonner et à harmoniser les actions des acteurs d’internet, au niveau local, national, ou international, pour réduire leur impact environnemental. Par exemple, la coopération permet de créer et de renforcer des réseaux, des partenariats, ou des alliances, entre les acteurs d’internet, pour mutualiser

Bibliographie

  • Agence internationale de l’énergie (2020). Data and statistics. Consulté le 15 novembre 2021, sur [le site de l’Agence internationale de l’énergie].
  • Institut de l’économie circulaire (2020). L’empreinte environnementale du numérique mondial. Consulté le 15 novembre 2021, sur [le site de l’Institut de l’économie circulaire].
  • Jones, N., & Pickering, B. (2018). The environmental impact of the internet: a review of current literature and future directionsEnvironmental Impact Assessment Review, 73, 106-115. Consulté le 15 novembre 2021, sur [le site de ScienceDirect].
  • Organisation de coopération et de développement économiques (2020). Municipal waste. Consulté le 15 novembre 2021, sur [le site de l’Organisation de coopération et de développement économiques].
  • Union internationale des télécommunications (2020). Measuring digital development: facts and figures 2020. Consulté le 15 novembre 2021, sur [le site de l’Union internationale des télécommunications].
  • Université de Bristol (2018). The carbon footprint of global ICT and E&M sectors. Consulté le 15 novembre 2021, sur [le site de l’Université de Bristol].
  • Université des Nations Unies (2020). The global e-waste monitor 2020. Consulté le 15 novembre 2021, sur [le site de l’Université des Nations Unies].

Sources : selectra.info blogdumoderateur.com unep.org

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