COP28 à Dubaï : un sommet décisif pour l’avenir du climat

La 28e Conférence des Parties sur les changements climatiques (COP28) se déroule du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, aux Émirats arabes unis (EAU). Ce sommet est considéré comme l’un des plus importants depuis l’Accord de Paris de 2015, qui visait à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Quels sont les enjeux et les défis de cette COP28 ?

Un premier bilan mondial des engagements climatiques

L’un des principaux objectifs de la COP28 est de réaliser le premier bilan mondial (Global Stocktake) des engagements pris par les États parties à l’Accord de Paris. Il s’agit d’évaluer les progrès accomplis et les efforts à fournir pour atteindre l’objectif de 1,5 °C. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), cet objectif est essentiel pour éviter les impacts les plus graves du changement climatique, tels que la montée du niveau de la mer, la perte de biodiversité, les sécheresses, les inondations ou les migrations forcées.

Or, les engagements actuels des États sont loin d’être suffisants. Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), les émissions mondiales de gaz à effet de serre devraient diminuer de 7,6 % par an entre 2020 et 2030 pour respecter l’objectif de 1,5 °C. Or, elles ont augmenté de 1,5 % par an entre 2010 et 2019. La pandémie de Covid-19 a certes entraîné une baisse temporaire des émissions en 2020, mais celles-ci sont reparties à la hausse en 2021 avec la reprise économique.

La COP28 doit donc inciter les États à revoir à la hausse leurs contributions nationales déterminées (NDC), qui sont les plans d’action climatique qu’ils doivent soumettre tous les cinq ans. Selon l’Accord de Paris, les États doivent présenter leurs NDC révisées et plus ambitieuses d’ici 2025. La COP28 est donc une occasion de faire le point sur les engagements existants et de fixer un nouveau cap pour l’action climatique mondiale.

Une transition énergétique à accélérer

La COP28 se tient dans un pays qui est l’un des dix premiers producteurs de pétrole au monde : les Émirats arabes unis. Ce choix peut sembler paradoxal, puisque les combustibles fossiles (pétrole, gaz, charbon) sont les principaux responsables du changement climatique. Ils représentent environ 80 % de la consommation énergétique mondiale et émettent des gaz à effet de serre lorsqu’ils sont brûlés pour produire de l’électricité, du chauffage, des transports ou de l’industrie.

La COP28 doit donc être l’occasion d’accélérer la transition énergétique vers des sources d’énergie plus propres et renouvelables, comme le solaire, l’éolien, l’hydroélectricité ou la biomasse. Ces énergies ont l’avantage de ne pas émettre de gaz à effet de serre et de ne pas s’épuiser. Elles sont également de plus en plus compétitives par rapport aux énergies fossiles, grâce à la baisse des coûts de production et à l’innovation technologique.

La transition énergétique implique également d’améliorer l’efficacité énergétique, c’est-à-dire de réduire la quantité d’énergie nécessaire pour fournir un même service ou une même activité. L’efficacité énergétique permet de diminuer la demande d’énergie et donc les émissions de gaz à effet de serre. Elle peut passer par des mesures telles que l’isolation des bâtiments, le remplacement des ampoules à incandescence par des LED, l’utilisation de véhicules électriques ou hybrides, ou encore la promotion des transports en commun ou du covoiturage.

La COP28 doit donc encourager les États à adopter des objectifs mondiaux de déploiement des énergies renouvelables et d’efficacité énergétique, ainsi qu’à mettre en place des politiques et des incitations pour favoriser la transition énergétique. Elle doit également soutenir les pays en développement, qui ont besoin d’accéder à l’énergie pour assurer leur développement économique et social, mais qui doivent le faire de manière durable et respectueuse du climat.

Une adaptation au changement climatique à renforcer

La COP28 doit également se pencher sur la question de l’adaptation au changement climatique, c’est-à-dire la capacité des pays, des communautés et des individus à faire face aux conséquences du réchauffement planétaire. En effet, même si les émissions de gaz à effet de serre étaient réduites à zéro dès aujourd’hui, le climat continuerait de se modifier pendant plusieurs décennies, voire plusieurs siècles, en raison de l’inertie du système climatique. Il est donc nécessaire de s’adapter aux impacts déjà observés ou prévus du changement climatique, tels que la hausse des températures, la modification des régimes de précipitations, la fonte des glaciers, l’acidification des océans ou la multiplication des événements climatiques extrêmes.

L’adaptation au changement climatique peut prendre différentes formes, selon les contextes et les besoins. Il peut s’agir, par exemple, de construire des digues ou des barrages pour se protéger des inondations, de développer des systèmes d’alerte précoce pour anticiper les catastrophes, de planter des arbres pour lutter contre l’érosion des sols, de diversifier les cultures pour réduire la dépendance à une seule récolte, de développer des variétés de plantes plus résistantes à la sécheresse ou aux parasites, ou encore de former les populations aux gestes de prévention et de secours.

La COP28 doit donc définir des actions robustes et rapides pour renforcer l’adaptation au changement climatique, en tenant compte des besoins et des priorités des pays les plus vulnérables, qui sont souvent les moins responsables du réchauffement, mais qui en subissent les conséquences les plus graves. La COP28 doit également favoriser le partage des connaissances, des bonnes pratiques et des technologies entre les pays, ainsi que la participation des acteurs locaux, tels que les collectivités territoriales, les organisations de la société civile, les entreprises ou les citoyens.

Une finance climat à mobiliser

La COP28 doit enfin s’attaquer au défi de la finance climat, c’est-à-dire la mobilisation des ressources financières nécessaires pour financer la transition vers une économie bas-carbone et résiliente au changement climatique. La finance climat concerne à la fois le soutien aux pays en développement, qui ont besoin d’aide pour mettre en œuvre leurs actions climatiques, et la réorientation des flux financiers, qui doivent être cohérents avec les objectifs de l’Accord de Paris.

Le soutien aux pays en développement est un engagement pris par les pays développés dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui est le traité international qui régit les négociations climatiques. Les pays développés se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour aider les pays en développement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à s’adapter aux impacts du changement climatique. Cet engagement a été réaffirmé à Paris en 2015, avec une promesse de revoir à la hausse ce montant à partir de 2025.

Or, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les pays développés n’ont pas tenu leur promesse. En 2019, ils n’ont mobilisé que 79,6 milliards de dollars de finance climat, soit une augmentation de 2 % par rapport à 2018, mais loin de l’objectif de 100 milliards. La pandémie de Covid-19 a également eu un impact négatif sur la finance climat, en réduisant les ressources disponibles et en augmentant les besoins des pays les plus touchés par la crise sanitaire.

La COP28 doit donc être l’occasion de renforcer le soutien financier aux pays en développement, en respectant l’engagement des 100 milliards de dollars, en augmentant la part des dons par rapport aux prêts, en équilibrant le financement entre l’atténuation et l’adaptation, et en améliorant la transparence et la prévisibilité des flux financiers.

La réorientation des flux financiers est également un enjeu majeur de la COP28. Il s’agit de faire en sorte que les investissements publics et privés soient alignés avec les objectifs de l’Accord de Paris, et de réduire les financements qui sont contraires à ces objectifs, comme les subventions aux énergies fossiles. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), il faudrait investir 4 000 milliards de dollars par an dans les énergies propres et l’efficacité énergétique d’ici 2030 pour atteindre l’objectif de 1,5 °C. Or, en 2019, les investissements dans les énergies propres n’ont atteint que 750 milliards de dollars, soit moins de 20 % du montant nécessaire.

La COP28 doit donc encourager les États à mettre en place des cadres réglementaires et des incitations fiscales pour favoriser les investissements verts et décourager les investissements bruns. Elle doit également promouvoir la divulgation des risques climatiques par les entreprises et les institutions financières, afin de sensibiliser les acteurs économiques aux conséquences du changement climatique sur leur activité et leur rentabilité. Elle doit enfin mobiliser les acteurs non étatiques, tels que les banques, les fonds, les assurances, les entreprises ou les organisations non gouvernementales, qui ont un rôle clé à jouer dans la finance climat.

La COP28 est donc un rendez-vous crucial pour l’avenir du climat et de l’humanité. Elle doit permettre de renforcer l’ambition et l’action climatiques, de soutenir les pays en développement, de favoriser la transition énergétique et de mobiliser la finance climat. Elle doit également être l’occasion de renforcer la coopération et la solidarité internationales, face à un défi qui nous concerne tous et qui nécessite une réponse collective et urgente.

Sources

ecologie.gouv.fr. bbc.com. bbc.com. unfccc.int. 20minutes.fr

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