L’agriculture biologique est un mode de production qui respecte l’environnement, le bien-être animal et la biodiversité, en s’appuyant sur des pratiques agronomiques et zootechniques qui excluent le recours aux produits chimiques de synthèse, aux organismes génétiquement modifiés et aux antibiotiques. Elle répond à une demande croissante des consommateurs, soucieux de leur santé et de la qualité des produits alimentaires. Elle contribue également à la souveraineté alimentaire, à la création d’emplois et au développement rural.
En France, l’agriculture biologique connaît un essor sans précédent depuis les années 2000, porté par des politiques publiques incitatives, des soutiens financiers, une structuration de la filière et une promotion active. Elle représente en 2021 10,3% de la surface agricole utile, 13,41% des exploitations et 11,93 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Elle occupe le premier rang européen en termes de surfaces et de production, notamment pour la viticulture et l’élevage.
Cependant, l’agriculture biologique française fait face à plusieurs défis pour assurer son avenir et son développement. Elle doit notamment augmenter sa production pour répondre à la demande, tout en maintenant la qualité, le prix et la confiance des consommateurs. Elle doit également renforcer sa compétitivité, sa résilience et son innovation face aux aléas climatiques, aux risques sanitaires et aux évolutions technologiques. Elle doit enfin s’inscrire dans une transition agroécologique globale, qui concerne l’ensemble du système alimentaire et qui implique une coopération entre les acteurs, une diversification des pratiques et une valorisation des services écosystémiques.
La demande de produits biologiques : un moteur de croissance
La demande de produits biologiques en France est en constante augmentation depuis les années 1990, soutenue par des facteurs socioculturels, économiques et environnementaux. Selon l’Agence Bio, le marché des produits alimentaires biologiques a atteint 11,93 milliards d’euros en 2019, soit une progression de 13,5% par rapport à 2018. Il représente 5,7% de la consommation alimentaire des ménages, avec une part plus importante pour les fruits et légumes (16,4%), les œufs (14,8%) et les produits laitiers (12,1%). La consommation de produits biologiques est plus élevée chez les jeunes, les femmes, les cadres et les habitants des grandes villes.
Les consommateurs français sont attirés par les produits biologiques pour des raisons de santé, de qualité, de goût, de traçabilité, de respect de l’environnement et du bien-être animal. Ils sont également sensibles aux labels, aux certifications et aux origines des produits, qui leur garantissent une conformité aux normes et aux valeurs de l’agriculture biologique. Ils sont de plus en plus nombreux à privilégier les circuits courts, les magasins spécialisés, les marchés et les paniers, qui leur permettent de soutenir les producteurs locaux et de réduire l’impact écologique de leur consommation.
La demande de produits biologiques est également stimulée par la restauration collective, qui représente 3,5% du marché bio en 2019. Elle est encouragée par les pouvoirs publics, qui se sont fixé comme objectif d’atteindre 20% de produits biologiques dans la restauration collective publique d’ici 2022, conformément à la loi EGalim du 30 octobre 2018. Elle concerne principalement les établissements scolaires, les hôpitaux, les maisons de retraite et les administrations, qui proposent des menus bio, locaux et de saison, afin de répondre aux attentes des usagers et des personnels, et de contribuer à l’éducation alimentaire, à la prévention des maladies et à la protection de l’environnement.
La demande de produits biologiques est également influencée par les tendances de consommation, qui évoluent vers une alimentation plus végétale, plus diversifiée, plus responsable et plus personnalisée. Les consommateurs sont de plus en plus attentifs à la composition, à la valeur nutritionnelle, à l’impact social et à l’empreinte carbone des produits qu’ils achètent. Ils sont également plus ouverts aux innovations, aux nouveaux modes de distribution et aux nouvelles formes de participation, comme le montrent le succès des applications mobiles, des plateformes collaboratives, des groupements d’achat ou des jardins partagés.
La production de produits biologiques : un défi de compétitivité
La production de produits biologiques en France est en forte croissance depuis les années 2000, portée par des incitations économiques, des soutiens techniques, une structuration de la filière et une reconnaissance sociale. Selon l’Agence Bio, la surface agricole utile conduite en agriculture biologique a atteint 2,78 millions d’hectares en 2021, soit une augmentation de 16,7% par rapport à 2020. Elle représente 10,3% de la surface agricole utile totale, avec une répartition inégale selon les régions, les départements et les productions. Les régions les plus engagées dans le bio sont l’Occitanie (18,9%), l’Auvergne-Rhône-Alpes (15,8%) et la Nouvelle-Aquitaine (14,4%). Les productions les plus représentées en bio sont les prairies (37,6%), les grandes cultures (25,9%) et la viticulture (12,4%).
Le nombre d’exploitations agricoles certifiées en agriculture biologique a atteint 58 413 en 2021, soit une progression de 11,5% par rapport à 2020. Il représente 13,41% du nombre total d’exploitations, avec une diversité de profils, de tailles, de systèmes et de modes de commercialisation. Les exploitations biologiques sont en moyenne plus grandes (47,6 hectares) et plus diversifiées (2,4 productions) que les exploitations conventionnelles (42,9 hectares et 1,8 production). Elles sont également plus jeunes (48 ans en moyenne) et plus féminisées (30% de femmes) que les exploitations conventionnelles (51 ans et 28% de femmes). Elles emploient plus de main-d’œuvre (2,4 équivalents temps plein) et génèrent plus de valeur ajoutée (71 000 euros) que les exploitations conventionnelles (1,8 équivalent temps plein et 58 000 euros).
La production de produits biologiques en France est également soutenue par un réseau d’acteurs qui accompagnent les agriculteurs dans leur conversion, leur installation, leur formation, leur conseil, leur recherche, leur innovation et leur structuration. Ces acteurs sont notamment les chambres d’agriculture, les organismes certificateurs, les groupements d’agriculteurs biologiques, les coopératives, les interprofessions, les associations, les instituts techniques, les établissements d’enseignement et de recherche, les collectivités territoriales et les services de l’Etat. Ils contribuent à diffuser les connaissances, à développer les compétences, à favoriser les échanges, à créer des synergies, à renforcer la cohésion et à valoriser les initiatives.
Cependant, la production de produits biologiques en France fait face à plusieurs défis pour assurer sa compétitivité et son développement. Elle doit notamment faire face à une concurrence internationale, qui représente 31% des importations de produits biologiques en 2019. Elle doit également faire face à une volatilité des prix, qui dépendent de l’offre, de la demande, de la qualité, de la saisonnalité et des aléas climatiques. Elle doit enfin faire face à une pénurie de main-d’œuvre, qui s’explique par la difficulté à recruter, à former, à fidéliser et à rémunérer des salariés qualifiés et motivés.
La transition agroécologique : un enjeu de durabilité
La transition agroécologique est le processus par lequel les systèmes agricoles et alimentaires évoluent vers des modes de production et de consommation plus respectueux de l’environnement, de la santé et de la société. Elle implique des changements à la fois techniques, organisationnels, sociaux et politiques, qui visent à renforcer la résilience, la durabilité et la justice des systèmes alimentaires.
La transition agroécologique repose sur les principes de l’agroécologie, qui est à la fois une science, une pratique et un mouvement social. L’agroécologie combine les connaissances scientifiques et les savoirs locaux pour concevoir et gérer des systèmes agricoles qui valorisent la biodiversité, les cycles biogéochimiques, les services écosystémiques et les interactions entre les différents éléments du système. L’agroécologie vise également à favoriser l’autonomie, la participation et l’émancipation des acteurs ruraux, ainsi qu’à promouvoir la souveraineté alimentaire et le droit à l’alimentation.
La transition agroécologique est un enjeu majeur pour faire face aux défis actuels et futurs, tels que le changement climatique, la perte de biodiversité, la dégradation des sols, la pollution, la malnutrition, la pauvreté, les inégalités et les conflits. Elle constitue une opportunité de réinventer les systèmes alimentaires, en les rendant plus diversifiés, inclusifs, solidaires et démocratiques.
La transition agroécologique n’est pas un modèle unique, mais un processus pluriel et contextuel, qui dépend des conditions locales, des acteurs impliqués, des objectifs visés et des trajectoires suivies. Elle nécessite une approche systémique et transdisciplinaire, qui intègre les dimensions écologiques, économiques, sociales, culturelles et politiques des systèmes alimentaires. Elle requiert également une co-construction des connaissances et des innovations, qui associe les différents acteurs, tels que les agriculteurs, les consommateurs, les chercheurs, les décideurs, les organisations de la société civile…
La transition agroécologique est en cours dans de nombreux pays et régions du monde, à différentes échelles et avec différents degrés d’avancement. En France, la transition agroécologique est une priorité du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, qui a lancé en 2012 le projet agro-écologique pour la France, visant à accompagner et valoriser les exploitations agricoles engagées dans des pratiques respectueuses de l’environnement 5. Le ministère soutient également la recherche, l’innovation et la formation dans le domaine de l’agroécologie, ainsi que la certification environnementale des exploitations agricoles.
Bibliographie
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Francis, C., Lieblein, G., Gliessman, S., Breland, T. A., Creamer, N., Harwood, R., … & Poincelot, R. (2003). Agroecology: the ecology of food systems. Journal of sustainable agriculture, 22(3), 99-118.
Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. (2023). Le projet agro-écologique pour la France. Récupéré de
https://agriculture.gouv.fr/le-projet-agro-ecologique-pour-la-france

