Face aux enjeux du changement climatique, de la sécheresse et de la raréfaction de la ressource en eau, le recyclage de l’eau apparaît comme une solution efficace et durable pour préserver l’environnement et répondre aux besoins des différents usagers. Il s’agit de traiter les eaux usées pour les réutiliser dans divers domaines, tels que l’agriculture, l’industrie, les espaces verts, le rafraîchissement urbain ou même la production d’eau potable. Mais qu’en est-il de la situation du recyclage de l’eau en France ? Quels sont les freins et les opportunités pour développer cette pratique ? Quelle est l’opinion des citoyens sur cette question ?
Un retard à rattraper
La France est l’un des pays européens les plus en retard en matière de recyclage de l’eau. Selon les données de l’Agence française pour la biodiversité, la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) ne représente que 0,6 % des prélèvements d’eau douce en France, contre 8 % en Italie, 14 % en Espagne ou 80 % en Israël. Ce faible taux s’explique par plusieurs facteurs, notamment :
Une réglementation trop restrictive, qui limite les usages possibles des eaux usées traitées, notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire et de la pharmacie, où les critères de potabilité sont encore exigés.
Un manque de volonté politique, qui se traduit par un faible soutien financier et institutionnel aux projets de REUT, ainsi qu’une absence de stratégie nationale sur le sujet.
Une réticence sociale, qui repose sur la crainte de la présence de micropolluants dans les eaux usées traitées, ainsi que sur un blocage psychologique à l’idée de consommer une eau qui a déjà été utilisée.
Des perspectives prometteuses
Malgré ces obstacles, le recyclage de l’eau présente de nombreux avantages, tant sur le plan environnemental qu’économique et social. En effet, la REUT permet de :
- Réduire la pression sur les ressources en eau douce, en limitant les prélèvements et les rejets dans le milieu naturel.
- Préserver la qualité des milieux aquatiques, en évitant la pollution par les eaux usées et en favorisant la biodiversité.
- Adapter l’offre à la demande, en fournissant une eau de qualité adaptée aux besoins des différents usagers, tout en optimisant les coûts de traitement et de distribution.
- Sensibiliser les citoyens à la valeur de l’eau, en les incitant à adopter des comportements plus écoresponsables et à participer à la gestion de la ressource.
Par ailleurs, le contexte actuel semble favorable au développement du recyclage de l’eau en France. D’une part, la prise de conscience des enjeux liés à l’eau s’est accentuée avec les épisodes de sécheresse et les alertes des scientifiques sur le réchauffement climatique. D’autre part, les avancées technologiques ont permis d’améliorer les procédés de traitement des eaux usées, en garantissant une sécurité sanitaire optimale et en réduisant les impacts environnementaux. Enfin, l’opinion publique semble évoluer positivement sur la question du recyclage de l’eau. Selon une enquête Elabe réalisée en 2020 pour le journal La Tribune, 83 % des sondés se disent prêts à boire de l’eau produite à partir d’eau usée, sous certaines conditions.
Des exemples à suivre
Plusieurs initiatives ont déjà été mises en œuvre en France pour valoriser les eaux usées traitées. Par exemple :
- À Sainte-Maxime, dans le Var, une station de traitement des eaux usées fournit 300 000 m3 d’eau par an pour arroser le golf et les espaces verts de la ville.
- À Pornic, en Loire-Atlantique, une station d’épuration produit de l’eau recyclée qui sert à rafraîchir une zone urbaine, très appréciée des touristes.
- À Marseille, dans les Bouches-du-Rhône, une usine de dessalement de l’eau de mer utilise les eaux usées traitées pour alimenter son procédé, réduisant ainsi sa consommation d’eau douce et son empreinte carbone.
Ces exemples montrent que le recyclage de l’eau est une solution d’avenir pour la France, à condition de lever les freins réglementaires, politiques et sociaux qui entravent son développement. Il s’agit d’un enjeu majeur pour la préservation de l’environnement et la satisfaction des besoins des différents usagers.

