Déchets marins en France : les enjeux mondiaux et réponses nationales

Les océans, véritables réservoirs de biodiversité, sont aujourd’hui menacés par une pollution plastique de plus en plus préoccupante. Chaque année, environ 640 000 tonnes de filets de pêche perdus ou abandonnés se joignent aux déchets issus d’activités terrestres, qui représentent 80 % de la pollution marine. Ces chiffres, conjugués à l’estimation mondiale de 75 à 199 millions de tonnes de plastique flottant dans nos mers – soit 85 % des déchets marins – témoignent de l’ampleur du défi.

Image : OSPAR https://oap.ospar.org/

Une pollution aux conséquences multiples

Des déchets aux formes diverses et en nombre croissant

Les déchets marins se déclinent en une multitude de formes et de tailles. Des filets de pêche aux emballages en passant par les granulés industriels, le plastique s’infiltre dans tous les recoins de l’environnement marin. L’inquiétude grandit avec la présence massive de microplastiques, ces minuscules particules en suspension à la surface de l’eau – environ 24 400 milliards selon certaines estimations – qui se retrouvent dans la chaîne alimentaire et menacent la santé des écosystèmes.

L’impacts sur la biodiversité et les activités humaines

Les conséquences de cette pollution sont lourdes pour la faune marine. Des études, telles que celle menée sur 514 estomacs de fulmars boréaux dans l’Atlantique Nord-Est, ont montré que 95 % des oiseaux avaient ingéré des particules plastiques, avec une moyenne de 31 particules par individu. Ces ingestions provoquent des troubles variés, allant de perforations internes à des effets sublétaux comme des infections ou même l’amputation de membres.

Les filets de pêche abandonnés, aussi appelés « pêche fantôme », représentent une menace silencieuse mais mortelle. Piégeant poissons, tortues, oiseaux et mammifères marins – certaines espèces étant déjà menacées d’extinction – ces engins délaissés aggravent la pression sur les écosystèmes. Par ailleurs, les impacts économiques ne sont pas négligeables : la pollution marine affecte la pêche, le tourisme et la navigation, générant des coûts mondiaux estimés entre 6 et 19 milliards de dollars, selon un rapport de l’ONU.

Les réponses de l’État Français : un plan national ambitieux

Face à l’ampleur du problème, le gouvernement français a mis en place le Plan national de résorption des décharges littorales historiques 2022-2032. Lancé lors du One Ocean Summit à Brest, ce dispositif s’inscrit dans la continuité des efforts pour atteindre l’objectif « Zéro déchet plastique en mer 2019-2025 » et renforcer la stratégie nationale biodiversité 2030.

Actions clés du plan

  • Identification des sites à risque :
    Le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) réalise un inventaire dynamique des anciennes décharges littorales vulnérables à l’érosion côtière ou à la submersion marine. Sur environ 110 sites potentiels, 70 ont déjà été retenus pour l’intervention, permettant de cibler les zones les plus critiques.
  • Accompagnement technique et financier :
    Le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) joue un rôle essentiel dans l’accompagnement des collectivités locales pour la réhabilitation des sites. Un fonds annuel de 30 millions d’euros, géré par l’Agence de la transition écologique (Ademe), finance les études et les travaux, couvrant entre 50 % et 100 % des coûts.
  • Bilan et perspectives futures :
    Deux sites ont déjà été réhabilités – Pré Magnou à Fouras (Charente-Maritime) et La Torche à Ploemeur (Finistère) – tandis que 17 autres décharges sont engagées avec plusieurs en phase de travaux (dont Rhétoville à Vicq-sur-Mer ou la décharge de Dollemard au Havre) et d’études. La démarche vise à réduire significativement la fuite de déchets plastiques dans les océans.

Aller au au-delà de la réhabilitation

Le plan national ne se limite pas à la gestion des sites déjà pollués. Il s’articule également autour de mesures de prévention et de sensibilisation, essentielles pour agir en amont de la production des déchets :

  • Prévention à la source : Réduire la production de déchets et favoriser l’utilisation de matériaux durables.
  • Sensibilisation des acteurs : Informer et mobiliser les citoyens, industries et collectivités pour une gestion plus responsable des déchets.
  • Amélioration de la collecte et du traitement des déchets : Optimiser les systèmes de collecte sur terre afin de limiter l’exportation de déchets vers les milieux marins.
  • Lutte contre les dépôts sauvages : Mettre en place des dispositifs de contrôle afin de prévenir l’accumulation de déchets sur les espaces côtiers.

Vers un océan plus propre et une biodiversité protégée

La lutte contre la pollution marine, qui touche tant la biodiversité que les activités économiques, nécessite des actions coordonnées et ambitieuses. Le plan national français s’inscrit dans cette dynamique en combinant réhabilitation des sites critiques et prévention des futures contaminations. Alors que les défis restent immenses, la mobilisation des services de l’État, des opérateurs nationaux et des collectivités locales montre la voie vers une gestion plus durable de nos littoraux.

En protégeant nos océans, nous protégeons non seulement un patrimoine naturel inestimable, mais aussi la santé et le bien-être de nos communautés. L’engagement continu pour réduire la pollution plastique est un impératif pour les générations futures.

Références :

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