Rapport de synthèse du GIEC : urgences et solutions climatiques

Publié le 20 mars 2023, le sixième rapport de synthèse du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) s’impose comme la référence scientifique incontournable pour comprendre et anticiper les impacts du changement climatique. Fruit d’une collaboration internationale rassemblant les représentants des 195 pays membres du GIEC – avec une approbation formelle intervenue le 17 mars en Suisse – ce rapport repose sur trois volumes et plusieurs rapports de groupes de travail réalisés sur près d’une décennie d’investigations scientifiques.


Une synthèse scientifique de plus de trois décennies de recherches

Depuis plus de 30 ans, le GIEC évalue l’état des connaissances sur l’évolution du climat. Ce sixième rapport de synthèse s’appuie sur un ensemble de données et d’analyses réunissant les conclusions des travaux des trois groupes de travail :

  • Volume 1 : les éléments physiques du climat (août 2021)
    L’analyse des processus physiques à l’origine et en lien avec le changement climatique constitue la pierre angulaire de ce rapport. Elle démontre la dynamique des systèmes climatiques et l’évolution de leurs paramètres sous l’influence de la hausse des gaz à effet de serre.
  • Volume 2 : les impacts, l’adaptation et vulnérabilité (février 2022)
    Ce volet explore comment les changements climatiques affectent les écosystèmes, les activités humaines, et les économies. Il met en lumière la vulnérabilité des populations, notamment dans les zones urbaines densément peuplées et dans les régions les plus fragiles du globe.
  • Volume 3 : atténuation (avril 2020)
    Les stratégies et mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre sont passées au crible, soulignant la nécessité d’un effort mondial pour limiter le réchauffement planétaire.

L’ensemble de ces travaux est ensuite intégré dans le rapport de synthèse, qui rassemble les connaissances scientifiques acquises entre 2021 et 2025, afin de fournir une image globale et actualisée de la situation climatique mondiale.

https://scala-patrimoine.fr/

Les constats majeurs : une urgence scientifique

Le rapport délivre des messages clairs et alarmants quant à l’évolution du climat :

  • Hausse continue des gaz à effet de serre
    Les émissions, principalement d’origine humaine, connaissent une augmentation constante et exponentielle. Cette trajectoire témoigne de l’intensification des activités industrielles, agricoles et énergétiques qui libèrent de grandes quantités de CO₂ et d’autres gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
  • Réchauffement planétaire
    La température moyenne de la surface du globe a déjà augmenté de 1,1 °C par rapport à la période pré-industrielle. Selon les projections, un réchauffement de 1,5 °C pourrait être atteint dès le début des années 2030, mettant en exergue la nécessité d’un effort drastique pour freiner cette tendance.
  • Objectifs d’atténuation
    Pour limiter le réchauffement à 1,5 °C voire 2 °C, le rapport insiste sur l’urgence de deux axes complémentaires :
    • Parvenir à des émissions nettes de CO₂ nulles au niveau mondial.
    • Réduire fortement les autres émissions de gaz à effet de serre.

Ces constats doivent servir d’alerte pour les décideurs et la société civile, en rappelant que l’inaction ou les mesures insuffisantes pourraient aggraver durablement la crise climatique.


Des risques en constante augmentation

Le 6e rapport du GIEC montre que les risques liés aux changements climatiques se multiplient et se diversifient :

  • Phénomènes météorologiques extrêmes
    On observe une recrudescence des vagues de chaleur sans précédent, des précipitations extrêmes, des sécheresses sévères et une fonte accélérée de la cryosphère (glaciers et calottes glaciaires).
  • Impacts sur les écosystèmes et la biodiversité
    Les comportements des espèces changent et de nombreux écosystèmes se trouvent fragilisés, augmentant la vulnérabilité des chaînes alimentaires et des services écosystémiques essentiels.
  • Effets sur la santé, l’alimentation et l’économie
    La hausse des maladies, notamment celles transmises par les moustiques et les épisodes de chaleur mortels, impacte la santé publique. Par ailleurs, l’accès à l’eau potable, la productivité agricole et la stabilité économique en souffrent. La multiplication des crises humanitaires, particulièrement en Asie, illustre de manière criante la dimension sociale de cette problématique.
    De surcroît, l’urbanisation rapide exacerbe ces effets, puisque plus de la moitié de la population mondiale vit en zone urbaine, amplifiant les conséquences des phénomènes climatiques extrêmes. Selon les estimations, quelque 3,3 milliards d’individus vivent dans des zones particulièrement vulnérables.
    Enfin, entre 2010 et 2020, la mortalité liée aux inondations, sécheresses et tempêtes a été multipliée par 15 dans les pays les plus vulnérables par rapport à ceux moins exposés.

La position de la France : un acteur scientifique et financier engagé

La France occupe une place importante dans l’effort mondial de lutte contre le changement climatique :

  • Participation scientifique active
    De nombreuses équipes de recherche françaises contribuent aux travaux du GIEC, réunissant plusieurs centaines de scientifiques qui apportent expertise et rigueur aux différentes étapes d’élaboration des rapports.
  • Engagement financier et stratégies nationales
    Avec une contribution annuelle d’environ un million d’euros au budget du GIEC, la France affirme son rôle de leader dans la recherche climatique. Le 6e rapport de synthèse vient conforter la détermination française à agir.
    Les stratégies énergétiques nationales reposent sur quatre grands axes :
    • La sobriété énergétique,
    • L’efficacité énergétique,
    • L’accélération du développement des énergies renouvelables (EnR),
    • Le renouveau de la filière nucléaire.
      Ces mesures s’inscrivent dans le cadre de la stratégie nationale bas-carbone, dont l’objectif est d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Depuis 2017, la France a déjà enregistré une baisse de 9,6 % de ses émissions de gaz à effet de serre.
      Par ailleurs, la mise en place du Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNNACC) vient renforcer la résilience face aux nouveaux défis posés par un climat en mutation.

Le sixième rapport de synthèse du GIEC représente une avancée décisive dans la compréhension des impacts du changement climatique et dans la mise en lumière de l’urgence d’agir. En rappelant que l’augmentation exponentielle des émissions et le réchauffement global sont étroitement liés aux activités humaines, il offre une base scientifique solide pour alimenter le premier rapport bilan mondial dans le cadre des Accords de Paris et de la COP28. Ce document fondamental invite à une mobilisation mondiale sans précédent, mobilisant à la fois les décideurs, les scientifiques et l’ensemble des sociétés civiles, afin de garantir un avenir durable et résilient face aux défis climatiques.

Références – Ministère de l’écologie :

Une réflexion sur “Rapport de synthèse du GIEC : urgences et solutions climatiques

Laisser un commentaire