Le troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC 3) a été dévoilé le 10 mars 2025 pour préparer la France à un réchauffement de +4 °C d’ici à 2100. Porté par la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier‑Runacher, il s’appuie sur une « trajectoire de réchauffement de référence » afin de structurer 52 mesures et plus de 200 actions réparties sur l’ensemble du territoire, de l’Hexagone aux Outre‑mer.
Contexte et trajectoire
La France anticipe une augmentation moyenne des températures de +1,7 °C dès 2024, +2 °C en 2030, +2,7 °C en 2050 et +4 °C à l’horizon 2100, selon le scénario tendanciel du GIEC intégré dans le PNACC 3. Cette trajectoire sert de « boussole » pour calibrer les efforts d’adaptation face à des aléas renforcés : canicules extrêmes, inondations, sécheresses, feux de forêt, retrait‑gonflement des argiles et érosion côtière.
Objectifs stratégiques
Le PNACC 3 décline cinq objectifs majeurs :
- Protéger la population des événements climatiques extrêmes.
- Renforcer la résilience des territoires, notamment littoraux, massifs montagneux et Outre‑mer.
- Adapter l’économie, en ciblant particulièrement l’agriculture, l’énergie et les transports.
- Préserver le patrimoine naturel et culturel, y compris la biodiversité.
- Mobiliser la société par la formation, la recherche et la sensibilisation citoyenne.
Mesures phares
Parmi les 52 mesures structurantes :
- Fonds Barnier renforcé pour la prévention des risques d’inondation et de recul du trait de côte, couplé à une modernisation du système assurantiel.
- Déploiement du « froid renouvelable » dans les bâtiments publics et privés pour lutter contre les canicules.
- Renaturation urbaine, avec création d’îlots de fraîcheur et infrastructures vertes dans les zones densément bâties.
- Intégration de la trajectoire +4 °C dans tous les documents d’urbanisme et mise à jour des normes techniques des infrastructures.
- Approche « Une seule santé », reliant santé humaine et écosystèmes via une surveillance accrue de la qualité de l’air et des risques sanitaires émergents.
Gouvernance et financements
Piloté par la Mission Adaptation de l’État en liaison avec le Cerema et l’ADEME, le plan prévoit un cycle de révision quinquennal pour ajuster les mesures et indicateurs de suivi. Le fonds Barnier, principal levier financier, est doté de 300 M€ répartis sur plusieurs années ; nombre d’acteurs soulignent néanmoins l’insuffisance de ce montant au regard de l’ampleur des enjeux. Le PNACC 3 vise aussi à mobiliser des financements européens et privés pour soutenir l’adaptation.
Réactions et perspectives
Si le gouvernement se félicite d’un cadre global et territorialisé, le Haut Conseil pour le climat appelle à des indicateurs robustes et un suivi‑évaluation renforcé pour mesurer l’impact réel des actions . Des collectivités locales et associations dénoncent un manque de moyens contraignants sur le terrain, tandis que Novethic alerte sur la nécessité d’une montée en puissance des financements publics et privés pour atteindre les objectifs fixés.
La première révision du PNACC 3 est programmée pour 2030, jalon crucial pour évaluer les progrès, renforcer les financements et ancrer durablement le « réflexe adaptation » dans l’ensemble des politiques publiques.


Une réflexion sur “la France déploie son troisième plan d’adaptation pour affronter +4 °C d’ici 2100”