À l’heure où la communauté internationale s’efforce d’accélérer la transition écologique pour freiner le réchauffement planétaire, certaines dynamiques politiques aux États-Unis semblent redéfinir les règles du débat scientifique. L’article du Monde du 2 mai 2025 décrit en détail comment Donald Trump et ses alliés mettent en œuvre un ensemble de manoeuvres visant à discréditer la science du climat. Ces stratégies, loin d’être de simples prises de position idéologiques, recouvrent des actions concrètes qui sabotent à la fois la recherche, la communication officielle et les engagements internationaux – et ce, au détriment non seulement de l’environnement, mais aussi de la démocratie scientifique.
Les stratégies de désinformation et de censure
L’un des aspects les plus alarmants de cette confrontation réside dans la volonté affichée de détruire le socle même de la recherche climatique. La stratégie ne se limite pas à la remise en cause des conclusions scientifiques établies, elle va jusqu’à intervenir sur le langage utilisé dans les institutions publiques. Ainsi, l’administration Trump a imposé – ou du moins fortement encouragé – l’abandon de certains termes clés tels que « science du climat », « crise climatique » ou « transition écologique ». En bannissant ces mots de la communication officielle, il s’agit autant d’une censure symbolique que d’un outil pour saper la crédibilité des travaux scientifiques et dissuader ce discours dans les agences gouvernementales.
Par ailleurs, le recours à la désinformation s’inscrit dans une logique similaire à celle utilisée par d’anciens lobbys : détourner l’attention des enjeux concrets au profit de slogans populistes (rappelant par exemple le fameux « Drill, baby, drill », emblématique du refus de l’arrêt des énergies fossiles). En remettant en cause la légitimité des données climatiques, l’objectif est clair : légitimer la poursuite d’un modèle économique fondé sur l’exploitation des ressources fossiles, tout en entravant les investissements dans les énergies renouvelables.
Un impact direct sur la transition écologique
La science du climat constitue la pierre angulaire de toute démarche permettant de piloter une transition écologique réussie. La déconstruction systématique de ce savoir a des conséquences multiples. Tout d’abord, elle fragilise la prise de décision publique en instaurant une incertitude artificielle sur des données pourtant éprouvées par des décennies de recherches. Ensuite, elle complique la mise en œuvre d’initiatives internationales telles que l’Accord de Paris, vu que légitimer les promesses internationales de réduction des émissions devient un exercice de style incompatible avec une politique de déni et de remise en cause des chiffres officiels.
Ce désengagement avec la réalité scientifique ne relève pas uniquement d’un choix politique arbitraire – il est conçu pour faire échouer les efforts de modernisation énergétique. En laissant le champ libre aux industries des énergies fossiles et en contrecarrant toute volonté de réduction drastique des émissions, on risque de perpétuer un modèle qui contribue directement à l’aggravation de la crise climatique. Le recul sur l’innovation et la recherche de solutions durables aura alors des répercussions tant sur le plan environnemental que sur la compétitivité économique des nations.
Des conséquences internationales et sociétales
La portée des actions de Trump s’étend bien au-delà des frontières américaines. Dans un monde de plus en plus interconnecté, la remise en question de la science du climat par une figure politique de premier plan joue un rôle déstabilisateur sur la scène internationale. Les partenaires et institutions mondiales, qui misent sur la crédibilité de la recherche scientifique pour établir des politiques communes, se retrouvent déstabilisés par ces discours qui introduisent le doute systématique.
Au niveau sociétal, cette stratégie entraîne une polarisation extrême. Le recours à la censure lexicale et la manipulation des discours officiels nourrissent une fracture entre une minorité d’élus – souvent soutenus par un électorat attaché à une tradition énergétique ancienne – et une majorité dont les préoccupations environnementales sont croissantes. Cette division, instrumentalisée pour des fins électorales, risque de freiner les mobilisations citoyennes et de retarder les transformations économiques indispensables pour un avenir durable.
Réflexions historiques et perspectives d’avenir
L’attaque contre la science du climat s’inscrit dans une longue tradition de tentatives de contrôle idéologique du discours scientifique. Historiquement, des industries puissantes, qu’il s’agisse du tabac ou des énergies fossiles, ont usé de stratégies similaires pour protéger leurs intérêts en semant le doute sur les données et en fragmentant le consensus scientifique. Le cas actuel, orchestré par Trump, représente une évolution de ces tactiques, appuyée par des mesures administratives concrètes comme la suppression de vocabulaire-clé dans les institutions publiques.
Face à cette dérive, il devient urgent de renforcer l’autonomie des organismes scientifiques et de protéger l’intégrité du débat public. Cela passe par une mobilisation de la communauté internationale, la mise en place de garde-fous institutionnels et la promotion d’un dialogue transparent entre chercheurs, décideurs et citoyens. Restaurer la confiance dans la science est indispensable pour réorienter les politiques énergétiques et garantir une transition écologique juste et efficace.
La tentative de détruire la science du climat n’est pas seulement une attaque contre un corpus de connaissances – c’est le rejet d’une vision du monde fondée sur l’évidence et l’analyse rigoureuse. En discréditant la recherche, en censurant les mots et en manipulant les discours, les stratégies telles que celles portées par Donald Trump compromettent la capacité des sociétés à anticiper et à répondre aux défis environnementaux.
Face à ce phénomène, il importe de rester vigilants et de soutenir les acteurs de la recherche scientifique ainsi que les mouvements citoyens qui œuvrent pour une transition écologique responsable. Seule une mobilisation collective et une défense résolue de la transparence nous permettront de garder le cap vers un avenir plus durable pour la planète – et pour les générations futures.
Réflexions complémentaires
Par ailleurs, la situation actuelle invite à s’interroger sur le rôle des médias dans la diffusion ou la contre coupante de ces discours. Comment les journalistes peuvent-ils continuer à informer un public de plus en plus divisé par la désinformation ? Quelles sont les pistes pour instaurer un climat de confiance envers les institutions scientifiques, alors même que les décisions politiques semblent se jouer à l’ombre de logiques idéologiques ?
Ces interrogations ouvrent des pistes de réflexion pour une recherche sociale pluridisciplinaire et pour des initiatives de renforcement des liens entre science, politique et société. L’enjeu est majeur : il ne s’agit pas seulement de lutter contre le réchauffement climatique, mais aussi de préserver la démocratie et la capacité collective à anticiper les défis du futur.
Références :

